Les escargots dans le four

J’ai qu’une feuille de papier, qu’une page

Et c’est là, où

J’veux jeter des tas de bavardages

Tout et tout ce qu’il y a sur la Terre

 

Des lampes éclairantes qui me font peur

Des lumières éteintes dont l’impuissance

Me fait rigoler

Des bouteilles plastiques et des escargots

Dans le four

 

Des coquilles lancées sur le sable

Par l’océan qui se fout d’elles

Des lavabos dans des déchetteries

Avec des étoiles de mer

 

Des écrans surnaturels qui traversent

Des âges héroïques

Pour montrer ce qui est merveilleux

Et ce qui est merdique

 

Les quais longs au Japon

Des folies de la Guerre

L’obscurité de l’acide désoxyribonucléique

Les mosquées blanches marocaines

 

Des ruches d’abeilles dont le son

Te serre, te fascine

Des rivières en briques

Et des poumons pleins de nitrogène

 

Les couchers de soleil

Eux, qui, du premier coup d’œil,

Te forcent à revenir

À tes vrais racines

 

L’équilibre des lyriques de nature

Et les visions violentes

Des surréalistes

Les païens adorant les dons de la Terre

Et les gros mecs qui ont la bouche pleine

Du Christ

 

Les intellectuels marxistes

Aux tavernes parisiennes

Et les marches fascistes

 

 

Tout ce que je percois par

Mes cinq sens du monde réel

Et aussi des mystères

Nés profondément

Dans les synapses de nerfs

 

Je suis bien conscient

Que je n’arrive point à inclure

Tout ça tout seul

Et, dans ce cas, i’vaut presque mieux

Fermer ma gueule

 

 

En tout cas

J’dois un grand merci

À des millions de mecs

Qui ont crevé n’importe où

Pour que j’puisse respirer

L’air de la démocratie

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